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Parfois (souvent) perdue...

27 janvier 2012

Mère indigne

Je suis une mère indigne.

Je suis une mère indigne parce que je vais beaucoup mieux depuis que j'ai repris le boulot. Parce que je préfère ne pas voir ma fille pendant 10 heures 4 jours par semaine, plutôt que de la voir tous les jours 24h/24 comme c'était le cas pendant le congé mat'. Parce que je préfère la réveiller à 6h30 le matin, pour la mettre dans la voiture et l'emmener à la crèche (c'est pas de sa faute si on habite à 1h de là), et ne la récupérer qu'à 18h30. Parce que je préfère que ce soit des filles dont c'est le boulot qui s'occupent d'elle la plus grande partie de la semaine. Parce que je culpabilise moins de la laisser aux bons soins des auxiliaires de puericulture, plutôt que de ne pas avoir envie de m'occuper d'elle toute la journée. Parce que j'accepte que ses premières fois ne se passent pas à la maison, sous nos regards attendris. Parce que j'accepte qu'on me raconte sa journée et ses progrès, plutôt que de les vivre moi même.

Je suis une mère indigne parce que je pose parfois mon après-midi pour aller faire les soldes, ou aller au ciné, alors que je pourrais la récupérer plus tôt à la crèche ce jour-là.

Je suis une mère indigne parce que je la laisse parfois en pyjama toute la journée le week-end, quand on n'a pas prévu de sortir ou de voir des gens. Parce que quand il fait moche dehors, qu'il y a du brouillard, qu'il bruine, ou même des fois quand il fait beau, je n'ai pas forcément envie de l'emmener se promener et que je préfère rester à la maison, regarder des films ou écrire.

Je suis une mère indigne parce que je supporte ses regards et ses pleurs quand elle est dans son parc et qu'elle me regarde taper à l'ordinateur plutôt que de venir jouer avec elle.

Je suis une mère indigne parce que je suis plus épanouie maintenant que j'ai retrouvé une vie sociale, des loisirs, de l'indépendance.

Je suis une mère indigne parce que ma fille ne suffit pas à faire mon bonheur.

Je suis une mère indigne, mais j'assume !

 

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11 janvier 2012

La relève des anesthésistes

Je l’ai dit dans un billet précédent, mon accouchement a été un traumatisme, à la fois physique et moral, et j’ai eu (j’ai encore) du mal à m’en remettre.

Et même au moment où j’écris cet article, j’éprouve une certaine honte à l’avouer, comme si c’était une faiblesse de dire ça, comme si j’avais peur qu’on me trouve faible alors que toutes les mères passent par là.

Donc bon, je vais essayer de passer outre cette honte et de raconter mes sentiments comme je les ai ressentis, et tant pis si quelqu’un me juge !

Ma première pensée quand Pikpuce est sortie de mon ventre et que la sage femme m’a dit « ouvrez-les yeux, regardez votre bébé ! », ça a été :

« Plus jamais ça ! »

 

(…bon là c’est sûr que c’est un peu violent comme premier aveu…)

 

Mais oui, c’est ce que j’ai pensé. Ça y est c’est fini, bébé est sorti, plus jamais de ma vie je ne referai ce parcours là, plus jamais je n’aurai mal comme ça. Bien-sûr après quelques minutes j’ai regardé ma fille et plein d’autres pensées merveilleuses me sont venues, mais ce n’est pas le sujet de ce post.

Alors, oui, un accouchement c’est douloureux. Ça, je le savais, on me l’avait dit, j’avais suivi les cours de préparation et de sophrologie tout ça tout ça. Mais non, ça a fait beaucoup, beaucoup, beaucoup plus mal que ce que j’avais imaginé…

Je n’ai pas forcément envie de raconter ma vie en détail, mais, pour faire court, l’accouchement a été déclenché. Il paraît que les accouchements déclenchés sont plus douloureux : moi je n’en sais rien c’était mon premier.

Donc voilà : déclenchement vers 2h du matin, les contractions sont arrivées très vite et toutes les minutes pendant toute la nuit. Mais la douleur était gérable : j’avais suffisamment mal pour ne pas pouvoir dormir et pour devoir chercher une position où j’étais bien (assise sur le ballon, allongée sur le dos, les jambes pliées, à quatre pattes, coté droit, coté gauche, et on recommence !) mais ça allait.

A 7h, après un énième contrôle : col toujours à 3 cm. Bon, on attend encore. Mon mari m’appelle pour savoir où j’en suis : « Tu peux aller au boulot chéri, il y en a encore pour un bout de temps ! »

7h15 : rupture de la poche. Un bruit qui m’a paru énorme, j’ai eu l’impression d’entendre un ballon qui éclate (ce qui est finalement à peu près le cas). Toute surprise je sens le liquide chaud me couler sur les jambes, et puis tout de suite après : ah d’accord, c’est ça une contraction ??! Mon estomac n’a pas supporté et s’est vidé d’un coup. Le temps de reprendre mon souffle, j’appelle la sage-femme.

« J’ai perdu les eaux. Et pis j’ai vomi aussi, je suis désolée »

« Ah, vous avez pas pu prendre le bassin pour vomir ? »

Non c***sse, j’ai pas pu prendre le bassin !  Tu crois que ça m’a fait plaisir de me vomir dessus parce que j’étais tordue de douleur ? Alors oui y’en a par terre et sur le lit, mais là j’ai mal à en crever alors je m’en contrefous !

« Non, je suis désolée… »

« Bon, je vais nettoyer tout ça »

Pendant qu’elle va faire sa lessive, je continue à m’étonner de l’intensité de la douleur : c’est dingue d’avoir si mal, comment c’est possible de ressentir ça ?

Je reprends mes esprits assez longtemps pour appeler le papa. Je tombe sur le répondeur et je laisse un message qui me semble très clair et d’une voix très calme.

Je raccroche, pour m’accrocher immédiatement à la potence qui pend au dessus de mon lit. Mais faut que ça s’arrête là, c’est pas possible, je peux pas supporter ça !

Le téléphone sonne : «  Allo, j’ai rien compris à ton message.  Tu me disais quoi ?»

Là je crois que je baragouine un truc, j’arrive à dire « demi-tour », mais je pense que même s’il n’a rien entendu, il a compris d’après ma voix. Je raccroche avant de lui hurler dans les oreilles.

Je rappelle la sage-femme.

« Il me faut un truc là, pour la douleur, c’est pas supportable … »

S’il vous plait s’il vous plait s’il vous plait je vous en supplie faites quelque chose !!

« Ok, je vais voir l’anesthésiste »

Elle ressort, et moi j’arrache les fils du monitoring. J’essaye de trouver une position plus agréable, je n’y arrive pas. Je me retiens de crier, je me dis que ça ne se fait pas.

Elle revient après ce qui me semble être des heures : « C’est la relève des anesthésistes là, il est 8 h,  il sera là d’ici un quart d’heure. »

«  Ah ? D’accord… »

« Je reviens dans pas longtemps »

Ok, calme toi, calme toi, faut bien qu’ils prennent le temps d’arriver les anesthésistes… J’en peux plus ! Je suis en sueur, je m’étonne d’être capable de transpirer autant. A un moment je me dis que j’emm****** les gens qui peuvent m’entendre  et je me mets à hurler. Les contractions reviennent trop rapidement, je n’ai pas le temps de souffler, j’ai mal en permanence. Je crie des insanités en me tordant dans tous les sens. J’essaye de penser aux cours de sophrologie, mais je suis incapable de respirer, je veux que ça s’arrête…

J’entends mon mari à l’interphone du bloc : « Oui, c’est M. FuturPapa, je viens voir ma femme… ». Je suis à quatre pattes sur le lit, je me dis qu’il faut que je fasse un effort pour me remettre dans le bon sens pour quand il rentrera, pour ne pas crier, pour qu’il ne me voit pas comme ça. Je n’y arrive pas, je n’ai pas la force. Quand il ouvre la porte je suis en train d’hurler, je ne le regarde pas, mais j’imagine qu’il a dû avoir un peu peur.

Il essaye de me calmer, mais il est un peu démuni. Il me dit de penser à respirer, ça m’aide. Je crois que j’arrive à faire un sourire, ou en tout cas j’en ai l’intention. Je regarde la sage-femme, qui me dit qu’il faut attendre pour la péridurale, l’anesthésiste n’est toujours pas là.

Mon mari voit la détresse qui m’envahit. Il tente de me rassurer. Il me demande d’être forte et d’attendre encore quelques minutes. Sur les conseils de la sage-femme, je vais prendre une douche. Ou plutôt je me traine jusqu’à la douche, en arrachant ma chemise, je cours presque pour rentabiliser les quelques secondes dont je dispose entre deux contractions. Le papa reste en dehors de la salle de bain, comme s’il voulait respecter encore un peu mon intimité. Moi c’est le dernier de mes soucis. La douleur reprend de plus belle, je m’accroche à la barre de la douche, en me demandant si elle est assez solide. Je crie et j’en profite pour hurler « j’ai pas de serviette ! ». J’entends la sage-femme donner un drap à mon mari pour m’essuyer. Je n’arrive plus à respirer, il m’essuie tant bien que mal, je vois du sang par terre. Je halète et le montre à la sage-femme.

« Y’a plus le temps là, il faut aller en salle de travail ! »

Je suis super contente d’entendre ces mots : enfin, ça va se finir. Je me dirige vers la sortie, vers la salle de l’autre coté du couloir. La sage-femme me court après avec ma chemise de nuit :

« Attendez, couvrez-vous quand même ! »

Ah, oui, c’est vrai, je suis toute nue.

Arrivée dans la salle d’accouchement, je me précipite sur le lit où je me remets à quatre pattes. J’essaye de respirer, mais je n’y arrive pas. La sage-femme me demande si je veux accoucher dans cette position. Je n’arrive pas à réfléchir. Je veux juste que ça s’arrête. Je me retourne sur le dos, instinctivement, j’arriverai mieux à pousser comme ça. Je mets mes jambes en l’air, mais les étriers ne sont pas là.

« Attendez, pas encore ! »

J’ai mal, je crie qu’il faut que je pousse.

La sage-femme donne un masque d’oxygène (ou de je ne sais pas quoi) à mon mari :

« Donnez lui ça au moment des contractions, il faut qu’elle respire et il ne faut pas qu’elle pousse »

Je pense qu’il est soulagé : il a enfin un rôle à jouer. Il met le masque sur ma bouche, je n’arrive pas à respirer, j’ai toujours aussi mal. Il insiste, finalement je prends du gaz : la douleur s’éloigne, enfin ! Quel bonheur. Je me calme quelques secondes, les étriers sont enfin montés, je peux poser mes jambes. Les sages-femmes s’agitent, je crois qu’elles sont un peu prises de court.

Je regarde mon mari, je lui dis :

« On va avoir un bébé ! »

Il a l’air inquiet. Moi ça va, je n’ai plus mal. Mais la douleur revient tout de suite, fulgurante. Je demande le masque, vite, vite ! Je voudrais qu’il me le laisse en permanence, mais il me l’enlève, je ne comprends pas pourquoi. Je crie que j’ai envie de faire caca. La sage-femme me répond que c’est normal mais qu’il faut que j’attende encore avant de pousser. Je réclame encore le masque, on dirait une droguée en manque !

Enfin elle me dit de prendre une grande inspiration, de bloquer ma respiration et de pousser. Je crie, elle me dit de fermer la bouche pour avoir plus de force. L’autre sage-femme m’encourage, mon mari aussi. Je me repose deux secondes et ça recommence. Je sens la main de la sage-femme qui essaye de faire de la place pour que bébé puisse passer, ça fait mal, mais je veux juste que ce soit fini. Ca dure, ça dure, je ferme les yeux pour pousser encore plus fort.  Puis j’entends :

« Ouvrez les yeux, votre bébé est en train de sortir ! »

Et oui, je vois une petite tête toute rouge, avec plein de cheveux, entre mes jambes. La petite tête crie.  Ça y est c’est fini…

On me pose le bébé sur le ventre, la sage-femme demande au papa s’il veut couper le cordon. Je le regarde. Quand je lui avais posé la question, des semaines auparavant, il n’avait pas su me répondre. Il dit oui, et il coupe.

Je lui demande :

« Alors, qu’est-ce que c’est ? »

La sage-femme répond presque, mais elle se retient au dernier moment. A la place elle dit à mon mari :

« Tenez, regardez », en soulevant la jambe du bébé.

« C’est une petite fille ! »

Il est 8h24, Pikpuce est née.

 

 

Ce billet n’est pas fini, car je voulais parler du traumatisme et de la douleur, mais je fais une pause car je viens de me rendre compte que j’ai raconté le déroulement de mon accouchement d’une traite, sans réfléchir, et que ce que je ressens à ce moment précis, c’est une grande émotion. Je crois qu’enfin cette « expérience » s’est transformée en un souvenir, où la place de la douleur et de la souffrance est de plus en plus petite par rapport à la joie de découvrir mon enfant.

Il aura fallu que j’écrive ce texte pour m’en rendre compte. Je crois que le traumatisme est passé.

 

Mais effectivement tout n’est pas fini après la naissance du bébé. Ensuite il y a la délivrance, la sage-femme qui m’appuie sur le ventre, ça fait mal, très mal. Et ça dure longtemps. Puis elle me recoud : j’ai été déchirée devant et derrière, jusqu’à l’anus. Une nouvelle douleur, plus pointue celle-là. Et elle continue à appuyer sur mon ventre pour voir s’il n’y a pas d’hémorragie. J’en ai marre, je voudrais juste qu’on me laisse tranquille.

Finalement on arrête de m’embêter, mais dès le lendemain je me rends compte que j’ai mal partout. Je ne peux pas me mettre assise à cause des points, mon coccyx s’est déplacé et je souffre dès que je me lève. Puis viendront les seins gonflés et les crevasses. Et ensuite le mal de dos, à force de porter bébé et de se tenir tordue. Bref…

 

J’ai revécu mon accouchement de nombreuses fois en cauchemar. Ce qui a été le plus dur pour moi c’est d’avoir été submergée par la douleur, de ne pas avoir réussi à la contrôler, de m’être laissée emporter. Bien-sûr je me doutais que ce serait l’expérience la plus douloureuse de ma vie, mais je pensais que, puisqu’on prend des cours pour respirer, pour maîtriser cette douleur, alors ça devait être faisable. Il devait être possible de ne pas souffrir à ce point-là. Mais je n’ai pas réussi. Finalement, c’est un peu comme si j’avais loupé un examen : j’ai échoué dans le contrôle de la souffrance. C’est peut-être pour ça que je ressens cette honte à en parler.

 

Quoiqu’il en soit, pendant ma grossesse je me posais la question de la péridurale : peut-être qu’accoucher sans me permettrait de mieux sentir et vivre ce moment. Aujourd’hui c’est sûr : pour le prochain je veux une piqûre !

Mais encore faudra-t-il que je ne tombe pas pendant la relève des anesthésistes…

30 décembre 2011

Un peu d'histoire

un peu de mon histoire...

Après tout, si j'écris ce blog, c'est pour parler de moi, et de mon expérience de jeune maman. C'est un getse assez égocentrique finalement. Mais je crois que si j'ai commencé à écrire, c'est surtout pour me faire du bien à moi, plus que pour me faie lire. Je me suis rendue compte à mesure que le temps passait que j'avais plein de choses au fond de moi, qui couvaient : beaucoup d'angoisses, de peurs, de réflexions sur la grossesse, l'accouchement et la vie de maman. Et ce n'est pas toujours facile d'en parler, parce que les gens n'ont pas forcément le temps à nous consacrer, ou ils n'ont pas envie d'entendre tout ça.

Mais je suis injuste là : c'est plutôt moi qui n'ose pas en parler autour de moi, ou alors j'aborde à peine le sujet avec ma mère ou mes amies, mais j'ai peur de les embêter avec mes histoires. Et donc, les mettre par écrit, d'une part ça permet de les faire sortir, et donc de me soulager, et surtout ça permet de mettre des mots là où il n'y avait que ressenti, douleur, angoisse. Et les mots, ça fait moins peur, ça fait moins mal finalement. C'est plus facile à gérer, à rationaliser, à combattre aussi.

Une amie, qui n'a pas encore d'nefant, m'a dit récemment que -et je cite- "la grossesse, l'accouchement, la vie de maman, tout ça c'est des fumisteries". Elle voulait dire qu'on nous raconte toujours la magie,le merveilleux, les moments inoubliables, et jamais la vérité. Et c'est vrau : regardez les films, ou les séries tv : à aprt un petit craquage d'une maman surmenée de temps en temps, la vision qu'on nous vend de la maternité reste quand même majoritairement guimauve, et éloignée de la vrai vie. Et pour une raison que je m'explique moins, meme nos proches nous transmettent cette vision idyllique. C'est en tout cas mon impression. Ma mère, qui pourtant n'est pas du genre à essayer de me protéger à tout prix, et qui m'a très souvent répété durant toute mon enfance "tu sais, dans la vie, c'est pas facile, c'est pas donné, il faut travailler, ou il faut souffrir pour avoir ce que le veut", bref, quji ne m'a jamais dit que le monde était merveilleux, et sans douleur, même ma mère ne m'a pas préparée à cette expérience de la maternité.

Il aura fallu que je craque au téléphone parce que j'étais épuisée, pour qu'elle commence à me dire que oui, c'est normal, c'ets comme ça, elle aussi a vécu ça. Petit à petit j'ai compris que j'étais tout à fait "normale" et que ce que je ressentais ne faisait pas de oi quelqu'un de faible, ou une mère indigne. Mais elle aura attendu que je sois au fond du trou pour m'avouer qu'elle aussi avait eu les même angoisses, les mêmes pensées, les mêmes moments de détresse intense... Et si j'emploie le verbe "avouer", c'est parce que j'ai vraiment l'impression qu'il y a ecore ancrée dans nos gènes de mamans une profonde honte à ne pas être l'image même du bonheur, à ne pas se sentir complètement comblée, à avoir des idées noires. Pourtant, il faut le dire, les média parlent de plus en plus des babyblues et autres dépressions post-partum, mais il me semble que ça reste encore un sujet tabou.

Donc, pour ne pas être en contradiction avec ce que je ressens, j'essaie de dire la vérité quand on me demande "comment ça va?". Je réponds que c'est pas facile tous les jours, que je suis très fatiguée, et très angoissée aussi, mais que malgré tout ça je suis quand même très heureuse d'avoir ma fille, que je fonds à chacun de ses sourires et que la regarder grandir tous les jours est merveilleurx. Et quand on me demande "l'accouchement s'est bien passé?", je réponds que ça aété dur, que j'ai eu très mal  et que je ne pensais pas qua ça faisait si mal, mais qu'à chaque jour qui passe j'oublie peu à peu ce traumatisme (physique et moral), et que bientôt je serai prête à me dire que je suis capable de revirvre ça, parce que la récompense ne vaut la peine.

Mais laissez moi quand même quelques mois pour m'en remettre !

 

 

16 décembre 2011

Les joies de l'allaitement

On nous dit beaucoup de choses sur l'allaitement pendant la préparation pré-natale :

- c'est ce qu'il y a de meilleur pour le bébé

- ça lui apportera tous nos anti-corps, et il sera moins malade

- avec de bonnes positions, on peut éviter d'avoir mal au dos

- les massages du sein permettent de favoriser la lactation

- bébé se régule tout seul, il prend ce dont il a besoin et réclame uniquement quand il a faim

- si des crevasses apparaissent, il faut varier les positions de bébé et appliquer de la crème après chaque tétée

- ça crée un lien magnifique entre bébé et sa maman...

Je pense que tout ça est vrai, j'en suis même convaincue. Mais il y a aussi beaucoup de choses dont on ne m'a parlé, et que j'ai découvert sur le tas...

Il s'agit bien sûr de mon expérience personnelle, et j'imagine que toutes les mamans vivent ça différemment. Mais moi ce que j'ai ressenti pendant l'allaitement, c'est que ça fait mal, très mal ! Alors oui, je me tartinais les bouts de seins avec la crème, oui, je changeais de position à chaque fois, mais je devais mal m'y prendre parce que Aïe!

Et quelle angoisse de ne pas savoir si Pikpuce avait assez mangé...! Bien-sûr je lui faisais confiance pour prendre la quantité qu'il lui fallait, mais ce qu'elle aimait, elle, c'est boire un ptit peu, un ptit verre, mais très souvent... Alors je veux bien donner à manger à la demande, mais quand on a à peine 1 heure pour souffler entre chaque tétée, c'est pas possible! Au final on a réussi à se réguler toutes les deux, elle a mangé de plus grandes quantités, mais à chaque fois j'avais peur qu'elle ne réclame à nouveau 2 heures après. 

Quant au lien qui se crée entre elle et moi... sincèrement j'en ai plutôt souffert. Parce qu'elle me prenait pour un biberon sur pattes. Je ne pouvais jamais juste la prendre dans mes bras, pour un câlin, sans qu'elle se torde dans tous les sens, la bouche ouverte, pour chercher le sein. Les seuls contacts qu'on a donc eu les premières semaines, c'est au moment de ses repas. J'aurais tellement aimé partager autre chose avec elle, des caresses, des regards... mais non. Pour elle j'étais celle qui donne à manger, c'est tout. Je comprends que c'est un lien très fort, très animal et que ce besoin vital qu'elle avait de moi est certainement ce lien magique dont on nous parlait, mais je n'étais pas préparée à ce qu'elle me renvoie cette image de moi. Et je lui en ai voulu, terriblement...

Enfin, je n'étais pas préparée non plus au jugement des autres. Le personnel médical que j'ai rencontré était bien formé à ne pas porter de jugement. Mais ça se voyait comme le nez au milieu de la figure :

- Le pédiatre : Comment ça se passe l'allaitement?

- Moi : Ben, pour elle ça va, elle mange bien, elle tète bien. Mais pour moi c'est dur...

- Vous avez de la crème?

- Oui, oui j'en ai. C'est vrai que j'ai des grosses crevasses, ça fait vraiment mal. Et puis c'est angoissant aussi.

- Il faut changer de sein à chaque tétée, et essayer d'autres positions : le ballon de rugby vous avez essayé?

- Heu, non, j'y arrive pas. Mais j'ai tout le temps peur qu'elle ne mange pas assez...

- Il faut donner à la demande.

- Oui, je sais. Mais je pense que je voudrais commencer le sevrage...

- Votre fille a 6 semaines? Il faudrait continuer encore un peu. Je vous fais une ordonnance pour le Lansinoh.

Et mon angoisse, alors? Tu l'entends dans ma voix que j'ai peur, que j'ai une boule dans le ventre à chaque fois qu'elle pleure parce j'en ai marre d'avoir mal partout,parce que je suis crevée à force de me relever toutes les 2 heures la nuit... Tu comprends que depuis deux semaines je pleure en même temps qu'elle tète, parce que j'en peux plus? Je sais, toutes les mamans passent par là, mais je suis pas toutes les mamans, je suis moi, toute seule, et je craque là!

Et il y a le jugement, jamais énoncé, de la famille, des amis et surtout du papa. Lui, il avait une idée très "romantisée" de sa femme en train d'allaiter son bébé, une belle image d'Epinal. Il a eu beaucoup de mal à comprendre mon malaise. Je pense que comme les médecins, il comprenait les douleurs physiques, même s'il ne pouvait pas se représenter exactement ce qu'elles étaient. Mais la souffrance psychologique, il n'arrivait pas à l'accepter. Et comme les médecins, il m'a dit, avec beaucoup de tendresse, "c'est ce qu'il y a de mieux pour elle, il faudrait que tu continues encore".

Merci pour la culpabilisation! Et ce qu'il y a de mieux pour moi?? Je veux bien faire des sacrifices pour ma fille, mais je ne peux pas me résoudre à m'effacer complètement. Je ne suis pas qu'une maman, je ne suis pas que deux seins gonflés, plein de vergetures, douloureux, à disposition 24h/24 de ce petit être. Je suis aussi une femme, qui aimerait pouvoir se regarder dans la glace sans pleurer...

Pour lui c'était un abandon, un aveu d'échec de vouloir arrêter l'allaitement. "Mais on avait décidé de l'allaiter, on ne peut pas abandonner maintenant, même si c'est dur. Ça va aller mieux, il faut s'accorcher". On remarquera l'utilisation du pronom "on". Oui, c'est vrai qu'on a pris la décision ensemble, pendant la grossesse. Mais c'est moi toute seule qui souffre maintenant. Je lui ai proposé de passer 24h à mon rythme : se lever en même temps que moi pendant la nuit, rester assis sans bouger pendant 3/4 d'heure, malgré les crampes, malgré l'envie d'aller aux toilettes, et se tirer sur les tétons pendant tout ce temps. Et ça 8 fois par jour. Bizarrement il ne l'a jamais fait...

 

Au final, j'aurais presqu'envie de dire "heureusement", un petit problème de santé (sans lien avec l'allaitement) m'a plus ou moins obligée à passer au biberon, au bout de 7 semaines. Quel soulagement! Mais encore aujourd'hui, quand on me pose la question : "Tu l'allaites?", je me cache derrière cette raison médicale pour expliquer que non, je ne l'allaite plus. Comme si c'était honteux d'avouer que ça a été une expérience très dure pour moi.

L'avantage c'est que maintenant je sais. Je sais que pour moi l'allaitement peut être traumatisant, psychologiquement épuisant. Ce sera peut-être différent avec un prochain bébé. Je pense que j'essaierai de nouveau, mais que je ne me culpabiliserai pas si je décide d'arrêter, même si c'est seulement après 15 jours. Après tout ce qu'il y a de mieux pour un bébé, c'est que sa mère soit reposée, sereine et sans rancoeur, non?

 

 

 

15 décembre 2011

First time

Elle tousse, elle mouche, elle a du mal à respirer, elle a du mal à dormir... Qu'est-ce qu'il faut faire??

En attendant que le cabinet du médecin ouvre - et d'abord pourquoi il ouvre jamais avant 8h30? Il sait pas le docteur que moi je suis réveillée depuis 4h, levée depuis 6h, le téléphone à la main depuis 7h, que j'ai déjà composé son numéro cinq fois, des fois que aujourd'hui il ait décidé d'arriver en avance... - en attendant donc, je fais comme toutes les New Mum 2.0, je cherche les symptomes de Pikpuce sur le Net.

Ce qui est bien avec internet, c'est qu'au lieu d'angoisser parce que je ne sais pas ce qu'elle a ni ce qu'il faut que je fasse, maintenant j'angoisse parce qu'elle pourrait fort bien être en train de mourir d'une pneumonie, là sous mes yeux... Sisi, y'a des gens qui le disent sur les forum : on croit que c'est juste une petite toux, un rhume banal, et ben nan !

Du coup, vite vite je fais Bis sur le téléphone... "Le cabinet du docteur est ouvert les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 8h30 à 18h, et 1 samedi matin sur 2, merci de rappeler pendant ces horaires. En cas d'urgence, vous pouvez contacter S.O.S Médecins au...".

Autre question maintenant: y a t'il urgence? Les poumons de Pikpuce sont peut-être en train de se remplir de mucus et elle ne pourra peut-être bientôt plus respirer du tout, mais en même temps, là, elle a plutôt l'air de s'intéresser à la fusée d'activité qui pend au-dessus de son tapis d'éveil... Est-ce qu'on doit contacter S.O.S Médecins quand c'est la maman qui va pêter un boulon urgemment?

8h19, je décide d'attendre encore 11 minutes. Je clique sur le prochain lien de la liste du moteur de recherche. Et de lien en lien je tombe sur un article écrit par une maman-docteur :

"Je suis pas docteur, je suis maman"

Cette maman explique que bien qu'elle soit médecin, elle a plutôt tendance à sous-médicaliser sa fille. Et surtout elle raconte qu'elle voit dans son cabinet des centaines de parents inquiets, accompagnés de marmots aux nez qui coulent, et que la plupart du temps son diagnostique est simple: c'est un rhume, ou un virus, c'est normal que le gamin tousse, c'est même bon signe, faut surtout pas arrêter la toux sinon il évacuera pas les microbes... Donc, du serum phy dans les narines, du repos, de la patience et ça passera tout seul. Mais bien-sûr quand les parents sont inquiets et que comme moi ils attendent depuis 3 heures l'ouverture du cabinet, des fois ça leur va pas, mais alors pas du tout cette réponse! Du coup, parfois elle prescrit des antibio, en sachant très bien que ça ne servira à rien, si ce n'est à rassurer les parents.

Mais elle le raconte bien mieux que moi !

 

Quoiqu'il en soit, après avoir lu son article, j'ai reposé mon téléphone, j'ai pris ma puce sous le bras pour une bonne séance de débouchage de nez, et je ne me suis même pas inquiétée lorsqu'elle m'a toussé à la figure !

 

 

 

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